dimanche 2 octobre 2011

Pascal Boniface : Ami bienveillant des dictatures ?

La guerre idéologique est quelque chose de courant, voir de nécessaire dans une démocratie. Il est sain que le débat existe, encore faut-il que certaines règles soient respectées. On ne peut accuser un tiers de pratiques qu’on n’applique pas à soit même. Surtout quand on le fait sous couvert de liberté d’expression pour défendre des régimes qui l’accorde à aucuns de ses citoyens, sauf exception (le plus souvent en ce qui concerne l’attaque envers des pays étrangers hostiles) : Beaumarchais en bénéficiait sous Louis XVI, mais seulement afin de fustiger la couronne anglaise.


Avec Pascal Boniface, on est un peu dans la même configuration. Sauf que pour cette fois, il défend la politique de régimes dictatoriaux dans son propre pays. En effet, il a une curieuse façon de décrire le régime iranien ou chinois, toujours qualifié par des euphémismes, refusant leurs caractères dictatoriaux. Il est par exemple le seul expert à oser soutenir que la fraude électorale en Iran n’a pas pu être si grande et qu’Ahmadinejad a sans doute été élu par son peuple, et surtout que seulement « les occidentaux étaient déçus par le résultats « officiels » des élections. Un peu dur de café quand on sait le prix qu’a payé les démocrates iraniens emprisonnés dans les geôles de Téhéran. Oui, c’est sûr, la torture et l’exécution peuvent décevoir…
Interrogé sur l’Iran par le Nouvel Obs, Pascal Boniface déclare « A travers les âges, L’Iran a vécu le monde extérieur comme étant percée de menaces. Aujourd'hui lorsqu'on regarde le dispositif militaire autour de l'Iran, on voit que l'Iran a des raisons légitimes de s'inquiéter.”
Il est courant que dans l’histoire d’instituts, de think-tanks ou d’organes de presse spécialisé, il y ait des financements plus ou moins douteux. Serait-il donc légitime de se poser la question de la provenance des financements du laboratoire privé de Monsieur Boniface ? D’ambassades, de gouvernements, d’entreprises ? Lesquels
Quand on lui pose la question, M.Boniface dit avoir des mécènes reflétant la « diversité » et être en règle car ses comptes ont été validés par un commissaire aux comptes. Ce qui ne veut pas dire grand chose. Par contre, cela prouve seulement qu’il reçoit des subventions publiques, notamment du Quai d’Orsay. Vive l’indépendance d’esprit, qu’il prône comme différenciation aux « autres », alors qu’il ne l’est pas plus libre que les autres…

Mais cela ne suffit pas à expliquer les moyens dont il bénéficie pour salarier tant de chercheurs, alors que la recherche publique souffre tant de manque de crédits. Et surtout, il peut très bien recevoir de l’argent de gouvernements étrangers sans qu’un commissaire aux comptes ne trouve rien à y redire.
Le plus embêtant pour M. Boniface, c’est que l’on peut lire dans le site même de son institut Iris une certaine contradiction sur les financements du Quai d’Orsay (nullement mentionnés ci-dessous), mais de plus on ignore complètement qui sont derrière « des centres de recherches étrangers et avec les milieux économiques, politiques et diplomatiques »


Son intervention avec Alain Soral, ancien du FN, responsable d’Egalité et réconciliation une association qui veut faire le lien entre frontistes et islamistes. Mais aussi candidat avec Dieudonné du Parti antisioniste. Une conférence de M. Boniface sous le patronage (évidemment) du Centre Zahra, l’association qui assure la promotion de la dictature iranienne en France. (http://www.youtube.com/watch?v=tUc1EXvJWGE)
Pour se faire une idée de ses possibles « accointances », il suffit peut-être de l’entendre sur le régime Chinois, ou sur l’Iran, et comprendre combien ses obsessions rendent ces propos de chercheurs sujets à caution.
Quand des militants des droits de l’homme réclament un boycott des jeux olympiques en Chine pour soutenir le Tibet, il gronde. « Un pays qui boycotterait les JO de Pékin paierait un prix économique et commercial très lourd ». Qu’est-ce que l’honneur des démocraties, quand on lui préfère les jeux du cirque...


Le 27 mars 2008 il déclarait dans un entretien au Parisien à propos de celles et ceux qui appelaient au boycott : « Ce sont des gens très isolés. Amnesty International, Human Rights Watch ne proposent pas le boycott. Le dalaï-lama non plus. Ceux qui le prônent, et se veulent plus Tibétains que les Tibétains, se limitent à quelques intellectuels. [...] S’ils veulent boycotter, ils n’auront qu’à ne pas allumer la télé. [...] À ceux (NDLR : non sportifs) qui disent boycott, je réponds : “Dans quelle discipline concourrez-vous ?” Les partisans du boycott parlent et décident pour les Tibétains, pour les opposants chinois, pour les sportifs, qui ne leur ont rien demandé ». (Cf Jacques Segal). Pascal Boniface n'hésitera pas à  participer, du 28 mars au 1er avril, au séminaire franco-chinois organisé par Mme Fu Ying, vice-ministre des Affaires étrangères, destiné à préparer la visite en Chine du président Sarkozy à la fin du mois. La rencontre avait été organisée par les autorités de Pékin, soucieuses de mieux faire passer leur message auprès d’une opinion publique française qu’elles jugent parfois antichinoise ».



Certains journalistes trouvent que les Emirats et le Qatar utilisent leur argent de manière indélicate pour acheter des clubs, obtenir que des tournois aient lieu sur son sol (ipad et voyages offerts aux jurés). Qu’ils n’aient crainte, Pascal Boniface veille au grain. Ce qui est normal, au fond sa spécialité c’est le sport.


Ennuyeux pour Boniface, car ici, on peut voir qu’Alain Cayzac (ex-PDG du PSG) a récemment été invité à son institut pour faire la promotion de son dernier livre 


Et là, on peut voir comment Cayzac a joliment fait la promotion d’un fond d’investissement Qataris pour la vente du PSG :




Alors, pas étonnant que Boniface puisse défendre à ce point le Qatar, grande démocratie reconnus dans le monde à coups de pétro-dollars. On peut aussi maintenant deviner qui sont ces « centres de recherches étrangers et avec les milieux économiques, politiques et diplomatiques »…


Cet article a été rédigé par Alex Chevallier.